Rééductation Oro-Maxillo-faciale
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La Rééducation Oro-maxillo-faciale, spécialité de la kinésithérapie, aborde la prise en charge de troubles ou de pathologies de la sphère Tête et Cou. Elle concerne entre autres les dyspraxies linguales, les troubles de la déglutition, les blocages articulaires au niveau de la mâchoire, les paralysies faciales, les douleurs de la face ou de la mâchoire.
Paralysie faciale
La paralysie faciale est due à une incapacité des muscles de la face de se contracter. Elle est le plus souvent unilatérale ce qui entraîne une asymétrie du visage.
Il existe deux types de paralysies faciales : la paralysie faciale périphérique et la paralysie faciale centrale, selon la localisation de l’atteinte du nerf VII.
Il est difficile de connaître l’origine de la paralysie faciale périphérique. Souvent, aucune cause n’est retrouvée : on parle alors de paralysie faciale idiopathique ou à frigorie connue sous le nom de paralysie de Bell. Parfois, elle peut être due à une infection, un traumatisme, un kyste tel que un cholestéatome dans l’oreille moyenne, une compression du nerf par une tumeur de la base du crâne et aussi suite à des chirurgies de l’oreille ou de la base du crâne.
La paralysie faciale centrale est causée par des lésions cérébrales, tels un accident vasculaire cérébral (AVC), une pathologie inflammatoire comme la sclérose en plaques, un traumatisme ou une tumeur cérébrale.
La paralysie faciale périphérique est une pathologie très fréquente ; heureusement dans la majorité des cas la récupération de la motricité faciale est complète sans aucunes séquelles.
Le traitement kinésithérapique consiste en :
- une évaluation de la paralysie
- des massages dont le but est d’entretenir la trophicité et la souplesse musculaire, et de donner des informations sensitives à l’hémiface pour entretenir la représentation de cette zone au niveau du cortex cérébral (cerveau).
- un travail analytique de l’action de chaque muscle paralysé
- un travail plus complexe de réalisation de mimiques et expressions. Ces exercices s’effectuent par séances de quelques minutes plusieurs fois par jour, devant un miroir.
Des exercices ainsi qu’une fiche conseils élaborée par le CHU de Montpellier est disponible dans l’espace Patient.
Troubles de la déglutition
Les troubles de la déglutition, ou dysphagie, correspondent à toute perturbation altérant le processus du transport des aliments, de la cavité buccale à l’œsophage ou de la protection des voies aériennes. Ils peuvent être la conséquence d’un défaut de réalisation ou d’une incoordination des mouvements à chacune des phases de la déglutition, dont les étiologies peuvent être multiples. Les troubles de la déglutition peuvent mettre en jeu la vie des patients, tant sur le plan nutritionnel que respiratoire, et affecter leur qualité de vie.
Les troubles liés à la dysphagie peuvent toucher plus de la moitié des patients ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) et jusqu’à 80% des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou de maladie neurodégénératives. On estime que 60% des personnes âgées à domicile peuvent avoir des difficultés à avaler, avoir une déglutition difficile, rencontrer une gêne à la déglutition, et donc à s’alimenter et à s’hydrater. Les troubles de la déglutition sont fréquents dans de nombreuses pathologies. Ils peuvent survenir dans les situations suivantes : maladies neurodégénératives, post-AVC (accident vasculaire cérébrale), affections de la sphère O.R.L, ou plus simplement manque de force musculaire ou mauvais état dentaire lié à l’âge.
La rééducation des troubles de la déglutition ou de la dysphagie est une compétence commune aux orthophonistes.
Le traitement en kinésithérapie consiste à :
- Réaliser un bilan avec le patient
- Proposer des stratégies de rééducation comme l’adaptation du matériel, l’adaptation des textures, la stimulation par la température ou l’aspect gazeux et le positionnement du corps et de la tête
- Utilisation des techniques d’aide à l’alimentation
- Utilisation de technique maxillo-faciale afin de favoriser la mastication et les réflexes de toux
Dyspraxie linguale
Les dyspraxies linguales (c’est-à-dire les troubles du fonctionnement de la langue) peuvent entraver le bon déroulement des fonctions : orthodontique et occlusale (la position de la langue influence la position des dents et le développement de la mâchoire), masticatoire (la langue brasse les aliments et les comprime avant de les envoyer vers l’estomac), phonatoire (par son positionnement dans la bouche, la langue module des sons), posturale (une mauvaise position de la langue au repos influence la croissance des dents et des os qui les portent) et de la déglutition (la langue joue un rôle dans l’action d’avaler la salive ou les aliments).
Les dyspraxies linguales peuvent également entraver la fonction ventilatoire.
Le traitement en kinésithérapie consiste à :
- Réaliser un bilan avec l’enfant ou l’adulte
- Comprendre l’impact de la dyspraxie linguale
- Favoriser la prise de conscience de la position de la langue au repos et en fonction
- Éliminer les habitudes nocives
- Améliorer la posture de la tête et du corps
La freinectomie
La freinectomie est l’excision chirurgicale d’un frein ou attache musculaire membraneuse. En bouche, il y a plusieurs freins qui tiennent les lèvres ou la langue en place. Si ces freins sont trop courts, ils peuvent empêcher les lèvres ou la langue d’être fonctionnelles.
Le rôle du kinésithérapeute est le suivant :
- Assurer un suivi des suites opératoires pour prévenir de toutes complications
- Conseiller sur des habitudes hygiéno-diététiques
- Apprendre au patient des exercices à réaliser au domicile afin de garantir les bénéfices de l’intervention sur l’allongement du frein.
Rééducation suite à une chirurgie maxillo-faciale
La chirurgie maxillo-faciale recouvre :
- La chirurgie reconstructrice et esthétique du visage et du cou,
- La traumatologie faciale,
- La chirurgie des cancers de la bouche, du cou et des glandes salivaires,
- La chirurgie cranio-faciale (en cas de malformations congénitales ou de traumatismes),
- la chirurgie orthognatique (qui corrige l’alignement des dents et des mâchoires),
- La stomatologie et la chirurgie orale (qui soignent, entre autres, les dysfonctionnements de la mâchoire et réalisent des implants, des greffes osseuses, etc.).
La kinésithérapie est intégrée au protocole de chirurgie maxillo-faciale pour les raisons suivantes :
- l’accompagnement et la surveillance du suivi post-opératoire
- la contribution à l’antalgie
- le drainage de l’oedème post-opératoire
- le relâchement des tensions musculaires
- la restauration harmonieuse des mobilités articulaires
- le renforcement et l’automatisation des acquis myofonctionnels pré-opératoires
- l’intégration des changements morphologiques
- l’assouplissement des cicatrices
Douleurs des ATM
L’articulation temporo-mandibulaire (ATM) est l’articulation qui unit la mâchoire inférieure (mandibule) à l’os du crâne. Au nombre de deux, elles sont situées de chaque côté du visage, juste devant les oreilles.
Ces articulations sont complexes ; pendant leurs mouvements, elles doivent s’ouvrir, se refermer, glisser vers l’avant, vers un côté et de l’autre, et ce, d’une façon synchronisée.
Les ATMs sont composées de muscles, vaisseaux sanguins, nerfs, ligaments et os. De plus, comme pour les autres articulations, elles sont aussi recouvertes de cartilage.
Un disque articulaire sépare la mandibule et l’os du crâne en empêchant qu’il y ait frottement entre ces deux surfaces pendant les mouvements de la mâchoire.
Le disque absorbe l’énorme pression générée durant la mastication et la distribue dans l’espace articulaire.
Lorsque toutes les composantes des ATMs fonctionnent en harmonie, cela vous permet de mastiquer, parler, bâiller, d’utiliser votre mâchoire de manière appropriée.
S’il y a manque de coordination entre les deux articulations, le disque articulaire peut être déplacé ou endommagé et empêcher le fonctionnement normal et harmonieux. On parle alors de dysfonction ou troubles de l’articulation temporo-mandibulaire.
Une rééducation s’envisage quand le patient ressent des craquements au niveau des ATM à l’ouverture ou à la fermeture de la bouche (accompagnés ou non de douleurs), en cas de blocage de l’ouverture et/ou de la fermeture de la mâchoire.
Des ATMs dysfonctionnelles peuvent être également la cause de cervicalgies (douleurs à la nuque) ou de céphalées (migraines, maux de tête).
SAHOS / TROS
La kinésithérapie a une place particulière dans les Syndromes d’Apnées et Hypopnées Obstructifs du Sommeil et les Troubles Respiratoires Obstructifs du Sommeil.
Les apnées obstructives correspondent à un collapsus (fermeture) des voies aériennes supérieures. Une des causes possibles de ce collapsus est la langue.
La langue est composée de 17 muscles et quand elle n’a pas sa bonne position de repos dans la journée et qu’elle ne fonctionne pas comme il faut, on observe un manque de tonus de certains groupes musculaires. Lors du repos global du corps la nuit, ce manque de tonus peut amener la base de la langue à basculer en arrière venant obstruer les voies aériennes.
L’objectif est de redonner à la langue son bon tonus et son bon fonctionnement la journée afin de garder ces acquis la nuit (période au cours de laquelle on n’a pas d’action consciente de correction). Cela va permettre de libérer le passage de l’air pendant le sommeil et ainsi d’améliorer les symptômes.
La rééducation linguale est longue. En plus de devoir re-tonifier certains muscles, il faut un véritable réapprentissage de la position de repos corrigée. L’automatisation des corrections nécessite du temps et de la répétition pour arriver à changer les schémas moteurs du patient et faire en sorte que le nouveau fonctionnement de la langue devienne automatique (au moins six mois).
Cette rééducation nécessite d’avoir une respiration nasale permanente et efficace. L’objectif premier sera donc de réapprendre au patient à respirer par le nez, mais aussi la respiration abdominale. Cette étape est souvent primordiale chez les patients qui ont des sensations d’oppression respiratoire dans la journée ou d’étouffement avec la PPC. Cela les aide à mieux supporter la PPC, voir à passer d’un masque facial à un masque nasal.
La rééducation peut également accompagner le traitement par orthèse d’avancée mandibulaire. Ce traitement nécessite en effet que les muscles de la face et de la mâchoire soient relâchés afin de permettre l’avancée mandibulaire. Ce travail de relâchement musculaire sera bien entendu accompagné d’un travail de rééducation des dyspraxies linguales si nécessaire dans le but d’optimiser au mieux l’ouverture des voies aériennes supérieures.
Dans le cadre des apnées du sommeil, la rééducation du plancher buccal peut être proposée à toute personne concernée, quelle que soit sa tranche d’âge, enfant ou adulte. Ce travail est habituellement plus efficace chez les personnes jeunes, car les « mauvaises habitudes » sont moins ancrées dans le cerveau. Faire ce travail en pleine croissance faciale permet aussi d’optimiser les résultats.